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lundi 23 novembre 2009

Rencontre, intervention et débats du 14 novembre

Le compte-rendu de Nicole Bertholon


14 novembre 2009 -Fête de la Science- Saint-Apollinaire-de-Rias

Jacqueline Cimaz situe cet après-midi de présentation et de débats autour du "livre numérique" dans le contexte de la vie de la bibliothèque municipale qui a confronté ses membres à ce nouveau média en pleine définition et évolution, d’un travail en amont de sept mois enrichi d’apports divers, dont celui, essentiel, de Pierre Ménard.


Du livre numérisé qui se présente comme un livre papier mais lu sur écran, à d’autres formes bénéficiant de fonctions interactives, d’apports de divers medias, il est parfois difficile de s’orienter et de s’adapter, et d’en mesurer les impacts (présentation du « reader » : accès dans un petit encombrement à un grand nombre d’ouvrages, facilitation de la lecture avec grossissement des caractères et même pour certains, possibilité « d’écouter » la lecture) ; évocation du « runbook »...), et oeuvre numérique multiforme...

Sur liseuse Calaméo :       La présentation de Jacqueline Cimaz,
avec tous les liens utiles - internes et externes


Jean-Pascal Dubost, bien connu des Rias pour les ateliers d’écriture qu’il anime régulièrement depuis plusieurs années, nous fait part de ses interrogations face à cet univers du numérique, constatant que pour son cas personnel l’écriture est différente entre espace/papier (cahier avec marges) et l’espace/écran pensé sous une autre forme.



Se définit comme n’étant pas un « poète numérique » en évoquant les mouvements « spatialiste » et « lettriste » des années 50/60, intéressé par le va-et-vient entre les deux aspects. Il craint une perte d’essence (pas du sens) dans l’écriture numérique et évoque « l’épaisseur temporelle » d‘un auteur comme Proust qui lui semblerait menacée. L’écran est un passage dans le travail, mais déconcentre alors que pour lui l’écriture est « lenteur et patience ». Le numérique va vite et introduit le risque de « zapping ». Comment réagit la mémoire face au numérique ?


Intervention de Julia Bonaccorsi (qui présentera une réflexion sur la bande dessinée numérique en deuxième partie). Elle souligne « l’aplatissement des ouvrages » induit par le numérique alors que le livre est un outil abouti techniquement. Un autre danger est évoqué, celui de la masse des informations et du manque d’échanges entre auteur et éditeur.




La « coupure » du livre avec le monde extérieur est un aspect positif alors que sur internet on est partout et au même moment. Le livre au contraire permet de s’isoler du reste et de se concentrer. A partir du moment où l’on a un texte, des images et du son (ce que propose l’écran) n’est-on pas dans une forme qui évoque un film sous-titré ?

Evocations de Publi-net- le "livre numérisé" ou "numérique", de Poezibao - "l’oeuvre numérique", et du « twitter », message bref (147 caractères au plus)

Il est à noter l’importance des échanges entre les conférenciers et le public tout au long de l’après-midi, chacun alimentant le débat par ses remarques, ses questions, ses réponses.

C’est une réflexion fouillée où chacun apporte son expérience, ses connaissances, ses interrogations, son ressenti. Les échanges sont nombreux, l’assistance se sent concernée par cette confrontation entre ces nouvelles lectures possibles et le livre traditionnel.


A Saint-Apollinaire-de-Rias, dans le cadre de la bibliothèque, le problème s’est posé : comment se crée une publication numérique ?

Les participants à cette expérience, avec Jacqueline - Michèle, Régine, Fatima, Marceline - expliquent leur démarche, leur tâtonnements, leurs trouvailles (voir site). Colin repose la question du fonctionnement de la mémoire dans la lecture sur papier et sur écran : est-il le même ? (liaison avec le n° de Science et Vie de Septembre 2009 )

Jacqueline Cimaz donne la conclusion à cette première partie : l’œuvre numérique dans toute sa complexité n’est réductible ni au livre numérisé, ni au livre numérique.


Après une courte pause la parole est donnée à Julia Bonaccorsi, Maître de Conférence à l’Université de Créteil.

La lecture est toujours une question très débattue. L’introduction de l’écran dans l’acte de lire implique de nouvelles interrogations fondamentales : comment conserver les textes, comment vivre de sa production écrite, qu’est-ce qu’être éditeur ? Et d’autres interrogations encore : quel « plus » cognitif apporte la lecture sur écran ? Est-ce la mort du livre ? Est-ce une révolution ?

Julia se propose d’aborder ces questions par le biais de la Bande Dessinée en ligne. En effet, certaines BD, créées au départ pour l’écran (par exemple dans des blogs ou dans des carnets en ligne) ont été ensuite recomposées et imprimées dans des livres.

Que se passe-t-il dans ce sens là ? On emploie le terme de texte ou d’écriture pour ce qui relève du graphique, du visuel.

Est-ce qu’un support chasse l’autre ? Elle prend des exemples français qui existent en nombre important puisqu’un Festi-blog de la BD rassemble environ 200 participants à Paris depuis plusieurs années (comme le festival d’Angoulème de la BD)

Le diaporama de Julia illustre les questions et nourrit les débats : nous faisons connaissance avec Martin Wilberg et « le journal d’un remplaçant », « l’actu en patates », et surtout avec « Chicou-chicou » BD écrite en ligne par quatre auteurs qui interviennent à la suite, sans rupture, les graphiques se déroulant de haut en bas, en milieu de page, laissant les marges de droite et de gauche, soit en blanc, soit aux informations (souvent parasites) des hébergeurs...

Un vaste panorama de l’existant nous est offert avec les précisions relatives à chaque type de production. Dans certaines, on retrouve cependant la même démarche qu’une écriture sur papier, des planches classiques, plus ou moins formatées, une régularité de production, (avec ou sans effacement automatique) une unification des styles, l’utilisation ou non de ruptures, qui pourraient amener à réfléchir à une « sociologie des producteurs »

Confrontation ou succession des planches ? Quelle parenté entre BD numérique et le cinéma d’animation ?


Jean-Pascal souligne l’absence de l’auteur dans certaines productions numériques et pose une question essentielle (liée à toute production et pas seulement au numérique) : " A partir de quel moment devient-on un artiste, est-on créateur d’une œuvre si tout est mis au même niveau, tous les cadres donnés, et quelle formation des gens envisageable ?"

Julia rapporte un simple constat : dans le nombre de productions présentées au Festi-blog, n’émergent au fil des ans que quelques auteurs. Peut-on parler, dans une certaine mesure, de « sélection naturelle » comme dans le monde de l’édition ?

Les discussions fertiles continuent autour de l’exposition d’Adine Duval, cependant il est clair que ces débats passionnants ont plus posé de questions qu’ils n’ont apporté de réponses. Ils ont un immense mérite, celui d’éveiller la conscience des lecteurs, actuels et futurs sur les enjeux de l’introduction des médias dans le domaine de la lecture, sur la complexification de l’acte de lire avec les apports de la technologie, sur la certitude d’être à l’aube, sinon d’une révolution, au moins d’une évolution à grande échelle : une problématique pleinement du domaine de la Fête de la Science, bien comprise par la Bibliothèque et les Rias.

Annexes, sur liseuses Calaméo, [1] les textes de deux interviews importants, assortis de quelques photos :

"La mémoire configure" L’interview-bilan de Julia Bonaccorsi après une journée particulièrement riche et dense.

"Où « l’œuvre numérique » laisse place au précieux du livre numérisé, mais pas à un «livre numérique » apparenté aux médias." L’interview-bilan de Jean-Pascal Dubost

Ce samedi 14, la Grange du Vernat accueillait aussi une exposition d’une jeune plasticienne, Adine Duval. Des techniques mixtes -dessins, collages, gravures, lithos... Un travail sur la trace et la mémoire, de grandes oeuvres très fortes comme cette "campagne vue d’en haut" de 2007 où les traits semblent interroger l’aménagement de l’espace et la transformation d’un espace rural entre production et paysagé, paysage traversé et marqué par un cheminement et une lecture/écriture et ponctuation personnels. Emergents de cette campagne, les signes, répétitifs pour mieux comprendre et dire.

De très beaux objets comme l’ardoise jaune, mémoire d’encre violette. De quoi ravir, par sa qualité, l’édition dite de jeunesse. Panneau indicateur aussi d’un carrefour encore ouvert au choix entre décor, ou appréhension et transformation d’un monde...

Exposition à visiter sur le blog d’Adine Duval, un blog qui s’est structuré, pourvu d’un sommaire et de textes...

Décidément, un samedi où art, sciences et techniques se sont complétés et conjugués pour tenter de défricher un monde et un temps...

Le point de vue d’Adine Duval sur ce samedi après-midi de rencontres et échanges...


Outils  :

- L’outil "Sommaire" de Michèle Dormont  réalisé en fonction de ses propres expériences à partir d’un document présenté par Christelle Caille.

Travaux en cours...

Esquisses de "livres numériques" : "Portraits" de Fatima Mana,
                                                    "Roman et cinéma"

Exemples de diaporamas pour explorer des frontières avec le dit "livre numérique" :

"Le voyage en Camargue", Mouvances, un bel album avec titre. (en cours de re-travail dans l’attente de création d’une bande-son spécifique - par exemple avec enregistrement de bruits)

Le "Carrefour des Résistances", diaporama plus ancien de Jacqueline, avec plus de textes...

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