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mardi 6 octobre 2009

Media en quête d’identité

"Media en quête d’identité", le projet de la Bibliothèque labellisé pour la Fête de la Science 2009.

Le contexte

...j’ai refusé à François Bon la publication numérique d’un texte mien envoyé à lui ... parce que c’était un texte conçu pour un support papier. L’eussé-je destiné à une publication électronique, je l’aurais peut-être conçu autrement.

Jean-Pascal Dubost

La poésie numérique commence quand l’informatique n’est plus seulement un support, mais un nouveau moyen de création, quand les poètes se font programmeurs et que leurs œuvres sont créées pour être reçues par des lecteurs par le truchement du numérique."

Jean Clément (laboratoire Paragraphe, Université Paris-VIII).

La BNF, Gallica, la Bibliothèque européenne, Google... développent des politiques de numérisation du livre avec des objectifs partiellement différents mais convergents pour l’essentiel quant aux modalités techniques : la numérisation du livre papier.

Un bon moyen de conservation, d’archivage et de mise en circulation pour les livres anciens. De plus, l’image est intégrée sans problème au livre.

Le nombre des numérisations, des publications de livres numérisés, augmente à une vitesse impressionante. Quel sort pour l’édition papier ? Certains prédisent sa disparition à brève échéance.

Des liseuses et autres présentoirs numériques s’inventent et se vendent, avec des avantages incontestables, ne serait-ce qu’en matière de taille des caractères, de possibilités de lecture orale pour les mal-voyants, de traduction, et même de recherches d’occurrences d’un mot ou d’échanges sur notes...

S’il n’est pas question de refuser cette numérisation, il parait cependant très urgent de s’interroger sur ses modalités et sa conception.

Ainsi n’y a-t-il que le support qui change - papier ou écran ? Le changement de support n’induit-il pas d’autres formes d’écriture, inédites, comme le suggère Jean-Pascal Dubost dans la phrase mise en exergue :

L’eussé-je destiné à une publication électronique, je l’aurais peut-être conçu autrement.

D’autres formes d’écriture - à inventer - mais aussi d’autres formes de lecture, inédites, dont l’émergence parait inéluctable ?

Autres formes d’écriture, de lecture, donc autres rapports entre l’auteur et son texte, le lecteur et le texte. Et entre l’auteur et le lecteur ?

(JPG)

Fatima Mana se propose de transformer son texte pour une écriture numérique.

Ce texte est intégralement publié sur le site, simplement numérisé.

Autre proposition, dans le cadre du projet partenarial Roman/Cinéma, réaliser à partir de la lecture des livres et du questionnement de l’affiche des films, un ou des petit(s) livre(s) (d’art ?) numériques...

C’est là que les recherches de la poésie numérique apportent un nouvel éclairage sur des possibles : le poète programmeur qui conçoit son texte-visuel pour l’écran mais peut aussi offrir au lecteur des possibilités d’intervention et des modalités de traitement - aléatoires ou suivant des règles - de ces interventions.

Ceci n’est pas nouveau ; il y a des pionniers - le cipm à Marseille, des créateurs de vidéos, notamment dans le domaine de la poésie...

La question d’échelle se pose : ces recherches vont-elles rester l’affaire d’avant-gardes restreintes ou la généralisation galopante du livre numérisé va-t-elle amener sur la place publique la question d’un livre numérique et pas seulement numérisé, de l’écriture et de la lecture numériques pour tous ? Le changement d’échelle va-t-il poser la question d’un changement de nature, va-t-il susciter l’émergence de nouvelles niches d’utilisation de ce livre ?

Et, si oui, quels nouveaux apprentissages mettre en place -pour une lecture hypermedia plus complexe encore que la lecture ou l’écriture hypertextuelle ? Dans le système scolaire certes... des travaux sont déjà engagés, de manière plus ou moins ponctuelle...

Mais aussi quel accompagnement du public dans les bibliothèques, médiathèques, EPN, Artothèques... ?

Les innovations technologiques se succèdent à un rythme que les formations n’ont pas toujours anticipé. Quelqu’un, effrayé par l’ampleur du bouleversement que représente l’arrivée du livre numérisé, nous disait récemment "Pour des impératifs commerciaux, on met la charrue avant les boeufs"

Mais d’autres disaient "Les jeunes, ils sont de plein pied là-dedans, il n’y a qu’à voir ce qu’ils font avec ces téléphones portables..." Où ils vont recevoir, si ce n’est déjà fait, des livres - moins encombrants pour lire dans le métro... Et nos interlocuteurs poursuivaient : "Et si comme ça ils lisaient les jeunes, si ça au moins ça les faisait lire"...

Le problème c’est qu’elle est là la charrue, qu’elle ouvre des pistes et des voies, y compris celles de l’Utopie, certes, que de nouvelles pratiques émergent, que des heuristiques se mettent en place...

Et si du retard a été pris, il n’en parait que plus urgent de réfléchir...

Plutôt que subir des changements, anticiper, aménager les complémentarités. Observer, se renseigner, débattre...

Ainsi, ce jour, nous recevons les premiers exemplaires du livre - papier - de Sylvette Béraud-Williams. Ce qui frappe : la fidélité vis-à-vis de l’exemplaire remis en PDF sur clé USB. Ce n’est pas un livre papier numérisé, mais un livre en PDF tiré papier. La convergence ou plutôt la symétrie entre numérisation et tirage papier, là, interpelle.

Notre projet

Nos objectifs : sensibiliser à ces questions, approfondir collectivement la réflexion pour que l’intérêt de la lecture et de l’écriture soient prioritairement pris en compte et chercher dans une optique de complémentarité et d’enrichissement plutôt que d’exclusion...

La démarche :

alternance de

- recherches documentaires [1],

- d’ateliers de réalisations, création,

- d’expositions, projections et de débats, en bibliothèque, lors de forums, d’interventions hors les murs en bibliothèques ou milieu scolaire... et par le biais du site Internet [2]

- les ateliers : il s’agit de s’essayer à la création de livres numériques, à partir de nos productions ou de textes écrits exprès, de manière à mieux appréhender les ressources, les limites, les problèmes (profondeur, nombre, utilisation des liens hypertextes, gestion d’écritures collaboratives -du minitel au wiki en passant par le run-book, et surtout programmation, offre et traitement de l’interactivité).

L’intervention de formateurs du SIVU des Inforoutes de l’Ardèche -Christelle Caille et Dominique Wojylac - est prévue pour l’aide technique et la participation à la réflexion sur les pratiques...

- Réflexion qui sera poursuivie lors de débats et d’échanges avec des enseignants-chercheurs engagés dans un travail universitaire, Julia Bonaccorsi notamment, des auteurs - Jean-Pascal Dubost, de plus Président de la maison de la Maison de la Poésie de Nantes, nous a confirmé sa participation le 14 novembre...

En ce qui concerne les apprentissages, Patrick Mendelsohn, directeur de l’IUFM de Grenoble (Université Joseph Fourier) a accepté de relire nos écrits sur l’apprentissages (apprentissages et lectures complexes, apprentissage et programmation)

Ces ateliers et débats sont amorcés et se dérouleraient en amont de la semaine de la Science, qui intervient la 3ème semaine de novembre.

Un grand débat,ou un Colloque, où interviendront universitaires et autres spécialistes, informaticiens, auteurs, graphistes... aura lieu le samedi 14 novembre.

M.Christian Biral [3], chargé de mission -Direction de l’Emploi, de la Formation Continue, et de l’égalité professionnelle, Service qualification et développement des compétences, au Conseil Régional, nous a fait savoir qu’il participerait à ce débat.

Ensuite pendant plus d’une semaine l’équipe qui aura réalisé le travail en amont animera les ateliers autour de l’exposition et des projections, mais aussi, éventuellement, des ateliers de réalisation et de mini-débats.

Dans tous les cas, la réflexion essaiera de cerner les incidences de ces bouleversements sur la lecture publique et privée, les pratiques de lecture, recherches documentaires et d’échanges, et sur le rôle éventuel des petites bibliothèques rurales ou du réseau de ces bibliothèques, des EPN... (approches prospective et heuristique) _

Domaines scientifiques et techniques éventuellement concernés par ce projet

- sciences et techniques : la gravure (diaporama), l’informatique - avec divers logiciels pour la numérisation [4], et les échanges [5], et la programmation [6]... logique, éventuellement, robotique... [7]

- sciences humaines : psychologie cognitive, sciences de l’éducation [8], sociologie (régulations)...

- arts : infographie, travail de l’image, écriture... [9]

NB. Un ensemble publication et vidéo, sinon une mallette, pourrait éventuellement être réalisé pour structurer et communiquer ce travail.

Jacqueline Cimaz et Fatima Mana

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