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mardi 6 octobre 2009

Les lièvres soulevés par la numérisation...

Difficile de suivre les lièvres soulevés par la numérisation... Un appel à contribution sous forme d’interview.
Jacqueline Cimaz - Lire en Fête n’aura pas lieu cette année.
Fatima Mana - Même si l’action était concentrée sur une courte période, elle avait le mérite de faire exister, d’inviter et d’inciter la rencontre autour du livre.
JC - d’aider la recherche, l’écriture, la lecture.
FM. Qu’attendre de la nouvelle mouture 2010 ?
JC - Réponse à chercher/construire sur le site de Lire en Fête, peut-être ?
Et tu y trouveras aussi un lien vers un article très stimulant pour la réflexion : « Le numérique se substitue au livre scolaire dans les cartables - L’avenir des salles de classe réside-t-il dans les livres scolaires numériques ? » Projet/laboratoire dans un Etat des USA dont le gouverneur...
FM - Je pense que ce support ne peut se substituer au rôle et apport de l’enseignant- La disparition de la classe... Elle serait remplacée par quoi ?
JC - L’écoute ou la lecture sur écran, individualisée, du domicile personnel... Quelque chose qui pourrait être positif en tant que complément, mais très dangereux s’il élimine ou réduit le rôle de l’interaction sociale dans la construction des connaissances.
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Publie.net présente D’Ici là, la revue de Pierre Ménard
FM - On n’avait pas parlé déjà il y a quelques années, de remplacer les enseignants par des machines ? Cela me fait penser au livre d’Aldous Huxley « Le meilleur des mondes ». D’accord c’est un monde dystopique mais ce moyen de substitution aux enseignants qui se mettrait doucement en place serait un précédent qui risquerait d’imprégner la société - pour l’instant américaine.
JC - Et rappelle la belle époque de l’enseignement programmé, ou du moins des illusions relatives à l’enseignement programmé...
Sans doute de quoi donner une nouvelle jeunesse au « Talyzina » « De l’enseignement programmé à la programmation de la connaissance », un livre collectif publié aux P.U.F de Lille en 1980 - qui renversait la formule, posant la question de l’apprentissage - toujours individuel, mais dans un contexte d’interaction sociale, et de la formation - opposé par les pédagogues au rêve d’un enseignement programmé pour formater [1]
FM - ?
JC - Le numérique, c’est sûr, il est là. La question n’est pas numérique ou pas numérique, mais quel numérique, quelle numérisation, pour quels usages ? Pour qui, pourquoi et pour quoi faire et comment ? [2]
FM - J’aime la notion de livre aléatoire qui circule et s’amplifie- livre de mots ou d’images qui circulent dans un outil support, proposé à la participation imaginative de chacun. Mais cela ne peut faire oublier le risque de fracture numérique.
JC - C’est sûr.
Un problème différemment abordé dans le blog de Pierre Ménard , citant ce 23 août, Thierry Crouzet et la réaction d’André Rougier au texte de Crouzet. :
« Oublier, pire encore, vouloir oublier que l’ordinateur et tout ce qui s’y rattache ne sont que des outils (des dispositifs pour reprendre la terminologie d’Agamben), ce serait ouvrir la boîte de Pandore sans se donner les moyens de la refermer si nécessaire. »
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D’ici là n°2. Une musique à écouter et réécouter...
Il va plus loin :
"C’est pourquoi... il faut arracher aux dispositifs (à tous les dispositifs) la possibilité d’usage qu’ils ont capturée.".
FM - A lire...
JC - Chaque jour nous mesurons mieux l’ampleur des enjeux - non pas tant du numérique que des choix fondamentaux liés à sa conception, son « habillage idéologique », à celle de sa nature, de ses fonctionnements et de ses usages.
Un débat et une réflexion dont l’urgence et la nécessité grandissent très vite, pour que - comme on le dit au CLD [3], « en dernier ressort, ce soit les citoyens qui décident »...
Le numérique - chape d’algorithmes, de flux, de réseaux quadrillant et enserrant le monde [4], ou outil au service de tous, d’aide au développement d’heuristiques [5] ?
FM - Et réduire l’illectronisme par ce biais là ! Je pense à Marie et son regard sur l’outil, son appropriation qui semble plus facile et plus maîtrisée que la lecture du livre (interactivité par les jeux). Mais les ateliers ?
JC - A cet égard l’intérêt de Ménard [6] pour les pratiques innovantes des jeunes parait une voie à explorer avec beaucoup d’attention et qui, quelque part, d’une certaine façon, renvoie à ce besoin de « s’exprimer avec les moyens dont on dispose quand on est démuni » évoqués dans un tout autre contexte par Jean Nicolas [7]
L’innovation stratégique avec l’Internet peut elle-même être des plus complexes. On l’a vu récemment en Iran...
Lors d’une réunion récente de l’Observatoire de la famille dans le secteur, certains notaient que la carence en moyens de mobilité en milieu rural induit le développement de bandes au travers de ces divers modes de communication par Internet [8]. d’où l’intérêt des ateliers proposés par Pierre Ménard.
FM - Les ateliers ? Le nombre incalculable de fois où l’on entend lors d’une invitation à un atelier d’écriture « Ce n’est pas pour moi ! » avec l’impression que l’écriture ne s’adresse qu’à une élite intellectuelle ! Le numérique par le biais de la banalisation expressive telle que le t’chat- la messagerie- facebook etc... peut devenir un support intéressant, modifiant l’approche de l’atelier d’écriture...
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Toujours D’ici là n°2. Où l’on retrouve Giney Aymes...
JC. et permettant d’aborder ensuite de nouvelles formes d’écriture. A voir avec ces ateliers d’écriture "Poésie écran" proposés pour « les jeunes de 15 à 95 ans » :
"Nouvelles écritures, SMS, email, chat, tweets. Un atelier pour capter l’art et la manière du texte très court. Les formes de l’instant qui sont au coeur de certains textes diffusés sur la plateforme Publie.net."
"Ces ateliers d’écriture proposent un travail sur les fragments de pensées et les idées éphémères qu’induit la communication textuelle à l’ère du numérique (email, chat, SMS, tweets, etc...) »
FM - tweets ?
JC - des messages instantanés (« clavardage » au Québec), qui s’affichent en temps réel, permettant le dialogue.
FM - Encore un nouveau moyen de communication ! Aura-t-on le temps de se l’approprier avant qu’un autre n’apparaisse ?
J’allais te parler d’éphémère aussi, mais pour le numérique. Lorsque l’on constate qu’à peine de nouveaux procédés sont vulgarisés que déjà ils deviennent obsolètes. Puis il y a la notion de temps de la mémoire numérisée, ces traces qui n’ont que peu d’existence face au séculaire papier.
JC - Pour en revenir aux tweets, ou autres SMS, leurs inconvénients supposés, notamment au niveau de l’orthographe, ont été soulignés par maints enseignants, mais on pourrait aussi s’interroger sur d’éventuelles incidences quant au développement de la « pensée divergente »... [9] A voir, en attendant la communication de recherches en cours ? Des travaux lyonnais avaient mis en évidence, il y quelques années, la nécessité d’apprentissages nouveaux, d’acquition de compétences complexes indispensables à la lecture sur écran [10]
Le domaine du rapport texte/écran doit être abordé le 14 novembre par Julia Bonaccorsi, universitaire, à partir de l’exemple des blogs de bande-dessinée, permettant "d’aborder aussi bien des pratiques amateures que professionnelles et de questionner les notions de page/planche d’un point de vue éditorial, les modes de lecture qui sont engagés etc."
P.Mendelsohn devrait aussi nous apporter une autre forme d’aide en ce domaine, notamment par la re-lecture de textes...
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D’Ici là n°2
Là, il s’agit d’écriture et de nouvelles formes d’écriture créées par les jeunes...
FM - Conclusion ? Bien sûr que oui pour le numérique et sa palette colossale de modes d’expressions, mais à condition que cela soit maîtrisé !
JC - maîtrisé par l’usager, tout à fait ! Les enjeux ne sont pas pour ou contre le numérique, mais quelles conceptions, evec qui, comment et pour quels usages, surtout quelles possibilités d’usages - ou de non-usages ?...
Les formes de numérisation du livre, qui sont à la source de nos interrogations, relèvent-elles de problèmes techniques ? Sans doute...
Il faut sinon les connaître, du moins en avoir une idée pour ne pas en être trop dépendant. L’apport du SIVU des Inforoutes de l’Ardèche et le travail effectué à partir de cet apport, nous ont déjà offert un espace d’automie permettant de premières comparaisons.
La proposition de Pierre Ménard de faire déboucher son atelier sur une création de blog devrait permettre d’élargir de manière sensible cet espace.
Pour tenter de mieux cerner les enjeux sociétaux, dans leur complexité...
FM- Apportez vos interrogations, propositions, vos contributions à ce débat, par message au webmaster.



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[1] "formatageur" ? On ne peut tout de même pas dire « formateur » et puis ça a quelque chose de "ravageur » !... Les catalogues d’objectifs à la Mager qui circulaient... confondant en outre compilation et synthèse ! Si pour descendre un escalier « tu te dis, je lève le pied droit de 10 cm, l’avance de 20, le baisse de... etc, sûr, tu te casses la figure... Le rêve d’un découpage de l’action en une série d’items à l’exécution desquels il suffirait de conditionner... Un rêve qui évacue l’histoire, le social, les crises, les restructurations...
[2] Cf notre projet sur le livre numérique pour la Fête de la science...
[3] Contrat local de développement, instance par définition d’une démocratie participative - "à vérifier", comme le disait récemment Guillaume Gourgues
[4] de la vie privée de chacun, de la pensée, à l’envoi de missiles
[5] au sens didactique du terme, soit un outil au service de l’inventivité, de la création, du contrôle individuel et social - de la "vérification" démocratique...
[6] Né en 1969, Pierre Ménard vit à Paris. Bibliothécaire, il anime régulièrement des ateliers d’écriture et de création multimédia. Il participe au comité d’orientation et publication de Publie.net et y anime la revue de création Internet : d’ici là. Il a publié "Le spectre des armatures" aux éditions Le Quartanier, "en avant marge" et "en un jour" sur Publie.net, "Quand tu t’endors" (album illustré par Mini labo), aux éditions Actes Sud Junior, ainsi que deux ouvrages collectifs, "Il me sera difficile de venir te voir" : Correspondances littéraires sur les conséquences de la politique de l’immigration en France, publié par les éditions "Vents d’ailleurs", et "Écrivains en série", un guide des séries (1948-2008), publié chez Léo Scheer, dans la collection Laureli.
[7] « Le feu aux écoles, le feu aux châteaux » (Hors-série « Marianne », « l’Histoire », « Les grandes rébellions », août-septembre 2008 - revue consultable à la Bibliothèque de Saint-Apollinaire-de-Rias, où « La Rébellion Française », publiée en 2002 par Le Seuil, est empruntable dans la réédition 2008 de Gallimard. A noter également sur ce site, le texte intrégral de la conférence prononcée par Jean-Nicolas en 2007, sur les mouvements rébellionaires du 18ème siècle dans le Haut-Vivarais, avec une comparaison du caractère de ces mouvements dans le nord et le sud de la province, qui, lui, est toujours téléchargeable sur notre site) .
[8] au travers des diverses formes de messages mais aussi de jeux partagés à distance
[9] Ce qui laisserait bien sûr entier le problème de la structuration, des synthèses, de la planification, la contiguïté et l’analogie remplaçant induction et déduction ?
[10] écrans et suite d’écrans - linéaires ou offertes par liens uniques ou ouvrant des arborescences...

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